« Nous allons manifester notre mécontentement face aux nouvelles lois que le gouvernement veut nous imposer. » Le premier réseau d’artisans du BTP du Jura a décidé de réagir dès ce jeudi, en réunissant le plus d’entreprises possibles au centre-ville de Lons-le-Saunier à partir de 18 h.
Des convois vont partir de tout le département pour rejoindre le lieu de rendez-vous, mais aucune opération escargots n’est prévue afin de ne pas pénaliser la population. Dépôt de déchets, marche funèbre vers la préfecture…, l’événement devrait durer environ trois heures.
10 euros par manifestant seront remis à l’Apesa (aide psychologique aux entrepreneurs en souffrance aigüe). « Nous comptons sur le préfet pour faire remonter au gouvernement nos demandes et sur les parlementaires jurassiens pour défendre les entreprises artisanales du BTP. »
Huit points de mécontentement motivent l’organisation de cet energothon. Et en premier lieu, la volonté de supprimer le GNR (gazole non routier) et la TICPE. « Mais il n’y a pas de solution de remplacement, pointe le président, Régis Bride. C’est une taxe supplémentaire. » La marge de nombreuses petites entreprises du TP étant inférieure à l’augmentation prévue, la Capeb Jura craint des difficultés ou une répercussion auprès des collectivités et des particuliers qui entrainera une diminution du volume des marchés. Elle demande une compensation fiscale intégrale pour les entreprises de moins de 50 salariés.
Autre point de crispation, le vœu de l’Etat que les entreprises prennent en charge toute ou partie des arrêts maladie de leurs salariés. « Une telle mesure est une double cotisation puisque nous payons des charges patronales et salariales pour la Sécurité sociale », rappelle Régis Bride, qui demande le retrait pur et simple de ce projet.
Les PAC : une « bombe sociale »
L’arrêt des installations de chaudières gaz à l’horizon 2026 est une autre ineptie, mettant le pays en situation inéluctable de pénurie énergétique. « Des alternatives existent : le biogaz, le biofoul… La subvention intégrale des PAC (pompes à chaleur) pour les ménages modestes et très modestes est une bombe sociale. Leur durée de vie est bien inférieure et il est quasi garanti qu’il faudra changer des pièces très coûteuses. »
La disparition de la TVA à 10 % sur les travaux d’entretien rénovation du BTP reviendrait pour la Capeb à relancer le travail au noir. « Le gouvernement privilégie d’hypothétiques rentrées fiscales à la sécurité des Français. » Des Français qui vont se dépêcher de signer des devis avant le 31 décembre si l’annonce se confirme. Plutôt que 20 %, la Capeb Jura demande le maintien du taux réduit à 10 %, voire qu’il soit ramené à 5,5 % « pour une véritable politique de logements décents ».
Plan marshall pour la construction neuve, à l’arrêt ; exigence d’un maillage complet dans le Jura pour le 1er janvier 2024 après la mise en place de la REP bâtiment (responsabilité élargie des producteurs de produits et matériaux de construction du bâtiment) ; réforme de simplification des qualifications RGE… sont autant d’autres revendications du syndicat.
La Capeb Jura craint aussi une amplification des contrôles de sécurité auprès des travailleurs indépendants, spécifique au département. « Nous sommes un secteur à risques, reconnaît Paul-Henri Bard, secrétaire général, mais nous avons le sentiment d’un acharnement sur le BTP. Si cela se fait, il faut que ce soit partout en France. »
La rentrée est là, la gronde aussi.
Des chiffres jurassiens
2 200 entreprises
4 000 salariés
684 millions d’euros de chiffre d’affaire réalisé par les entreprises du BTP artisanales