Santé : wanted personnel désespérément

L'Observatoire réalisé en Franche-Comté par l'OPCO permet de dresser des constats édifiants sur l'économie du système. Tour d'horizon.

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Selon Rachel Zaïri, déléguée Franche Comté de l’OPCO (Opérateur de Compétences), les métiers de la santé ont encore du pain sur la planche pour arriver à faire carton plein. Selon l’Observatoire diligenté chaque année par cet organisme chargé de formation professionnelle auprès de 1228 établissements privés, pas moins de deux structures de soins sur trois manquent de personnel, et 2646 postes sont à pourvoir dans notre région.

Il faut dire que sur les 5.000 départs recensés en 2021, la moitié (53%) l’étaient du fait d’une démission. Selon Rachel Zaïri, ce turn-over s’explique bien sûr par des conditions de travail difficiles, mais aussi « par la proximité avec la frontière » et par une certaine concurrence entre les établissements de soins. « Les salariés ont le choix » relève t-elle : ce sont donc eux qui font leur marché en fonction des conditions qui leur sont proposées. Indépendamment de cette concurrence parfois fratricide, Rachel Zaïri insiste sur les efforts consentis pour muscler la filière du soin : « moins de travail en coupure pour les aides-soignantes, mise à disposition de véhicules de fonction, de conciergeries, de séances d’ostéopathie » pour améliorer le bien-être au travail. Elle relève également que les revalorisations issues de la période covid aident aussi à encourager ces vocations. Même si des CDI sont proposés rapidement, l’intérim a tendance à se développer : 33% des établissements y ont recours en Franche-Comté, et 55% proposent aussi des contrats jours ou des CDD.

Face à de tels challenges, les établissements de soins se démènent pour tourner : « depuis la période covid, l’alternance s’est beaucoup développée, grâce aussi aux aides de l’État » souligne l’OPCO Franche-Comté, qui facilite l’accès aux formations et à l’emploi, et optimise la gestion des ressources humaines des établissements qui le désirent. Attirer, fidéliser, former demeurent les piliers de la filière et les garants de son avenir.

Stéphane Hovaere 

« Nous avons un devoir envers nos aînés »

Pour une infirmière officiant dans un EHPAD  de Lons-le-Saunier, la journée commence souvent par cette question : « Que va-t-il nous arriver aujourd’hui ? ».

Absentéisme, résident malade qui va falloir envoyer aux urgences faute de médecin traitant ou coordinateur : les péripéties quotidiennes ne manquent pas.

« Mais ma philosophie n’a pas changé : faire au mieux avec les moyens que l’on a, en priorisant les choses » assure-t-elle. Une philosophie que les aînés comprennent en majorité, car « ils ont vécu des événements difficiles au cours de leurs vies ». « Nos aînés ont tellement à nous apporter. Ce sont nos parents et nos grands parents qui ont pris soin de nous, à nous désormais de prendre soin d’eux » résume-t-elle. Aux jeunes qui seraient intéressés par les métiers de soignant, elle conseille de « tout tenter pour aller au bout de ses envies. Les portes sont grandes ouvertes ». A condition toutefois, de ressentir en soi cette attirance, voire cette vocation.

Sinon, « autant travailler à l’usine » conclut-elle, rappelant que l’humain constitue le cœur de métier des infirmières. Si elle pouvait parler aux politiques, voire au chef de l’état, elle les interpellerait ainsi : « Nous avons le devoir de traiter nos aînés dans des conditions décentes au niveau du personnel, comme du matériel. Nous avons le devoir de leur fournir une prise en charge digne. Un jour, nous serons tous à leur place !».

La santé et le soin privés en Franche-Comté

Dans notre région, 78% du personnel est féminin, avec une moyenne d’âge tournant autour des 42 ans.

Les métiers les plus en tension demeurent (par ordre d’importance) : les aides-soignantes, les éducateurs spécialisés, les infirmières, et les auxiliaires de vie…entre autres.