Le Top, venu d’Angleterre est entré dans nos grands mots dans les années 2000. Ce fut d’abord Tip Top mais c’était bien excessif et, après quelques années, l’on ne garda que le Top. Ce petit mot franglais devint vite un rival de Super (1) et fut donc mis à toutes les sauces. Il faut dire qu’épatant, formidable, aux p’tits ognons (2), trop chic, trop chouette (3), avaient beaucoup vieilli et ne faisaient plus guère rêver.
On déclina ce Top en Top-Secret, en Top niveau, en top-model… Il y eu une tentative de topless et même en 2015 aux États-Unis la première journée mondiale du topless.
Ces poitrines firent un bide (4). Elles à l’air se rhabiller.
En Médecine, le TOP c’est le trouble d’opposition/provocation. Le principe est celui d’une insoumission généralisée. Face à une proposition qui déplait (et par principe elles déplaisent toutes) il faut montrer une opposition active (cris, invectives, gestes déplacés, menaces…) ou -pour les moins fringants- une opposition passive (acquiescement timide suivi de mise en place d’obstacles infranchissables pour provoquer l’abandon de tout projet).
Ainsi s’instaure une lutte de pouvoir permanente et stérile de nature à encourager les topés dans leur mission. Chaque décision est annulée car elle est considérée comme le pire choix possible. Et si ce refus provoque des conséquences néfastes elles sont refusées aussi et mises sur le compte du proposant, jamais du refusant.
Les crises connaissent leur maximum dans l’espace public de façon à ce que ce refus d’autorité mette une pression telle sur les protagonistes qu’ils finissent par céder ce qui donne plus de force pour les épisodes suivants.
Le TOP débute chez les enfants de 3 à 8 ans et souvent perdure ensuite.
Car naturellement nous parlions-là des relations parents-enfants parfois bien
difficiles.
Tous ceux qui ont cru que j’évoquais l’Assemblée nationale feraient bien de moins
regarder les infos.
Notes pour ajouter quelques salutaires précisions :
(1)- Exprimer nos sensations et nos émotions est souvent difficile car nous avons vite fait le tour des interjections disponibles. Les « De diouss ! », « génial ! »,« purée ! », « extra ! » et autres mots de « cinq lettres » s’usent très vite…
Aussi quand « super » ce préfixe de renforcement latin prit son indépendance dans les années 20, sous l’influence de cinéma américain, pour devenir un adjectif invariable chacun trouva le raccourci super malin au point de ne plus savoir s’en passer. Sa proximité avec « superbe » gratifia bientôt « super » d’yeux doux, d’une barbiche de sous-officier, de sabots noirs et luisants, de cornes zébrées et de longs poils blancs qui lui firent une houppelande. C’était gagné !
(2)- Après en avoir fait pleurer beaucoup, l’oignon a su sortir de la cuisine pour se faire une place parmi nos expressions populaires. Mêle-toi de tes oignons ! Mettez- vous en rang d’oignons… L’expression « Aux p’tits ognons » se retrouve sur les mêmes étals populaires depuis 1740. Elle traduit, bien sûr, une forme de perfection jubilatoire. Les petits oignons sont à peler dans le langage populaire plutôt des petits ognons. Ce raccourci n’est plus une erreur depuis 1990, quand une recommandation du Conseil supérieur de la langue française a officialisé la graphie « ognon ». Pour ne brutaliser personne « oignon » reste autorisé. Mais n’en abusez pas.
(3)- Si la chouette était au Moyen-Âge un oiseau de malheur annonçant la mort et souvent associée à la sorcellerie, elle fut bien mieux considérée chez les Grecs anciens puisqu’elle était l’un des attributs d’Athéna en hommage à sa beauté et à sa sagesse. La pièce grecque de un euro, inspirée d’une ancienne monnaie grecque de 4 drachmes, porta longtemps l’effigie d’une chouette symbolisant la ville d’Athènes.
Chez nous, en 1220, Gautier de Coincy, auteur des Miracles de Nostre-Dame, bénédictin et grand trouvère, utilise le verbe choeter, dans le sens de faire la chouette, c’est-à-dire minauder. De la « femme chouette » on est passé le temps d’un baiser à la « chouette femme », et « chouette » est devenu synonyme de toutes les beautés. C’est Rabelais qui a enfoncé le clou : « Ma femme sera jolye comme une belle petite chouette », nous dit Pantagruel.
(4)- Faire un bide est une expression bien ancrée dans le langage courant. Quand devant un public de choix on échoue, on n’obtient pas le succès escompté, alors on se vautre, on se retrouve à plat ventre. Et le bidon en prend un coup. Surtout si l’on persiste et qu’on prend la fuite ventre à terre !
La racine bid- est très utilisée en argot et a permis de construire bien des mots évoquant ce qui marche mal ou n’a guère de valeur, ou qui est un peu ridicule : le bidet, le bidon, le bidasse, bidouiller, le bidule, la bidoche.