À Salins-les-Bains, il se joue sous terre une partition invisible mais essentielle. Là, sous les pavés chargés d’histoire, un chantier titanesque se déploie, à l’abri des regards, pour préserver ce qui fut l’âme productive de la cité : la galerie souterraine de la Grande saline. Un monde à part, entre silence minéral et mémoire du sel, où l’humidité grignote lentement la pierre.
Depuis plusieurs mois, les équipes s’affairent. Le syndicat mixte, maître d’ouvrage, œuvre méthodiquement à la sauvegarde des voûtes. Michel Cêtre, président du syndicat, évoque une « mission sanitaire ». On rénove, on décape, on traite les infiltrations. Aujourd’hui, c’est l’ancienne galerie de production qui retient tous les efforts. Une voûte à 9,34 m de hauteur, rongée par la mousse verte, se dévoile lentement sous les mains des spécialistes. Les joints sont repris à la truelle, les pierres nettoyées, les enduits refaits avec précision.
Une galerie à nu, pour mieux comprendre
En surface, les curieux lèvent les yeux vers le grand chapiteau blanc installé le long de l’Allée Marcou. Il couvre le chantier et protège l’entrée de la galerie. À l’intérieur, l’ambiance est hors du temps. La galerie se découvre, mètre après mètre, livrant ses secrets aux archéologues, techniciens et visiteurs chanceux. Le chantier, qui oblige à quelques détours, fait presque oublier la routine touristique : les passerelles métalliques ont remplacé l’ancien escalier usé par le temps. Un nouveau parcours s’esquisse, sécurisé, didactique.

L’escalier en bois, datant du XIXe siècle, a été retiré. Une cage métallique permet désormais de descendre dans les entrailles de la saline en toute sécurité. En bas, la lumière saisit les détails : l’humidité, les anciennes marques des tailleurs de pierre, les pierres sciées, les arches monumentales. Les visiteurs peuvent approcher, toucher presque, ce patrimoine fragile.
L’ancienne passerelle d’Amont, aujourd’hui cassée, rappelle que tout ici est à préserver. Des travaux de consolidation sont encore en cours. Mais déjà, les premiers visiteurs ont pu admirer ce chantier hors norme, le comprendre aussi, grâce aux explications passionnées de l’équipe de la saline. Un chantier à ciel fermé, mais à cœur ouvert.
L’ouverture du chantier aux visiteurs soulève des interrogations de la part de ces derniers, et tous sont très intéressés, souligne Perrine Lefebvre Girardot.
Cette démarche permet une sensibilisation directe aux métiers du patrimoine et aux défis techniques de la restauration. Les visiteurs peuvent ainsi comprendre concrètement les enjeux de préservation d’un site historique.