Elle tirait une tronche des mauvais jours ma voisine au café du coin, comme si on lui
avait fait un sale coup. Elle s’était levée tôt pour suivre la fin de la nuit des élections
américaines. Ce n’était pas encore fait, mais Trump fonçait vers la victoire et le monde
dans un mur. La catastrophe était annoncée.
Je ne sais même pas ce que je ressens, de la peine, de la colère, de l’effroi, oui c’est certain, car il est effrayant Trump, monstrueux, m’a dit ma voisine. Dans le bistrot les visages étaient figés sur les écrans de télé et les portables, au comptoir René a repris un Picon, Alain a dit qu’on le connaît Trump qu’il a déjà été président, que c’est du vent, mais Marie lui a rétorqué que ce n’était pas le même Trump, que le vent a tourné depuis 2016, que l’Europe est en guerre.
Je retiens aussi les mots forts de Paul et Caroline, je cite : « Ce n’est pas possible, ça fait chier » ! Regis a ajouté que la pensée Trumpiste, c’était comme le changement climatique, elle nous bouffe à petit feu… et grandes inondations mortelles, a dit ma voisine. Claude a
lancé que les fake news, le populisme, la bêtise, les théories du complot et l’extrême
droite avaient de beaux jours devant eux.
Isabelle a fait remarquer que les hommes avaient majoritairement voté pour Trump, presque 60 % contre 40 aux femmes, et Jordan a souri. Dehors, le ciel était gris, des humains promenaient tranquillement leurs enfants en poussettes, tout était calme, rien n’avait encore changé, mais tout le monde se demandait si l’élection de Donald Trump serait un nouveau naufrage pour les droits humains, un nouveau danger pour l’Europe, les femmes et les enfants dans leur poussette.
Ma voisine n’avait aucun doute sur la réponse. À mon 5 e expresso, j’ai lu la presse et des posts sur les réseaux, la désolation l’emportait. On se demandait à quelle sauce nous allions être mangés, si l’on s’organiserait pour le combat à mener et sauver la vie telle que nous la rêvons, car la version proposée par Trump, Musk and co est un cauchemar.
Aujourd’hui, nous sommes un peu plus orphelins de notre démocratie et de nos libertés.
Par Éric Genetet