Triangle d’or. Paul Jeandot se retire de l’EJCA après 40 ans

Après près de quatre décennies à façonner l’EJCA, (Entente Jura Centre Sportive) Paul Jeandot a présidé sa dernière assemblée générale le 14 novembre dernier. Fatigue, lucidité et émotion se mêlent à l’heure de céder la place, dans un club aujourd’hui en quête de successeur.

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Paul aspire désormais à une vie plus tranquille.

40 ans d’une aventure qui a grandi avec lui

Depuis 1985, son histoire se confond avec celle du club. À l’époque, tout commence modestement, presque en s’amusant, avec une bande de coureurs baptisés « les Coureurs du Triangle d’Or ». L’aventure grandit doucement, portée par l’élan partagé de petites courses en centre-ville, puis par la découverte, avec son épouse, d’une passion qui les mène toujours plus loin. La première Montée du Poupet, il la gravit en 1986, avant que l’organisation ne leur soit confiée par l’Office municipal des sports. Ils décident alors de faire les choses « un peu plus en grand », et la course devient ce rendez-vous incontournable qui ne cessera plus de grossir.

Au fil du temps, l’association évolue, pour devenir « Triangle d’Or Sportif » avant de s’unir en 2007 avec APS et Champagnole pour créer l’EJCA. Jusqu’à l’an dernier, le club fédère près de 220 licenciés. La section de Poligny, forte de sa piste d’athlétisme, attire naturellement le plus grand nombre, tandis que Salins demeure le club maître. La saison 2024–2025 marque toutefois un tournant puisque Champagnole quitte l’EJCA. Une séparation effective depuis le 1er septembre 2025.

L’usure du quotidien et le poids des années

Mais c’est surtout une autre forme d’usure qui rattrape aujourd’hui Paul Jeandot. Lui qui a passé quarante ans sur les routes et les terrains en tant que géomètre, constate que les tâches administratives sont de plus en plus lourdes : dossiers, normalisations, enquêtes, informatique, réseaux sociaux, mots de passe… « Tout est compliqué pour moi, je n’éprouve plus de plaisir », confie-t-il. À bientôt soixante-quinze ans, son « unité centrale » – comme il dit avec humour – montre des signes de faiblesse. La charge mentale pèse, tout comme les soucis de santé.

Mais il reste l’inquiétude. Celle de laisser un club sans successeur. « Aujourd’hui, personne ne souhaite s’engager à la présidence, confie-t-il. Le comité directeur, autrefois composé de douze membres, n’en compte plus que dix dont seulement trois réellement actifs. Les manifestations – indispensables pour assurer le salaire du salarié du club – reposent sur une poignée de bénévoles déjà largement engagés ailleurs. Si je ne suis pas là pour dire il faut faire ci, il faut faire ça, ça ne se fait pas, lâche-t-il avec tristesse. Depuis trois ou quatre ans, j’ai prévenu que j’arrêterai un jour, résumant la situation avec une franchise désarmante : trouver un successeur, péter les plombs… ou mourir ! »

Malgré sa démission effective le 14 novembre, il continuera à prêter main-forte sur certains événements : le prochain trail de la Maison du Comté, la 42e Montée du Poupet, peut-être encore un peu le trail des Deux Salines. Mais une page se tourne. « J’aspire à faire mon jardin et à me remettre à marcher », livre-t-il simplement.