Jura. L’invité de la rédaction : Jean-Philippe Lefèvre

L’enseignant en histoire (et élu local) vient de proposer différentes conférences fort intéressantes. Retour sur les messages principaux…

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Conférence Bourguignat sur l’extrême-droite et l’extrême-gauche
Jean-Philippe Lefèvre.

A l’invitation de Laurent Bourguignat, élu engagé à Dijon, vous venez d’organiser une conférence sur l’extrême-droite. Pouvez-vous nous résumer votre propos ?

Mon propos était de remettre ce qu’il est convenu d’appeler l’extrême-droite dans la profondeur de l’histoire, d’en mesurer un cheminement dans le temps qui va agréger à une posture qui dès 1815 souhaiterait le retour à l’ANCIEN Régime d’avant 1789, l’antiparlementarisme et le nationalisme avec l’affaire Boulanger et enfin l’antisémitisme avec l’affaire Dreyfus. Vichy n’est que l’aboutissement de ce parcours. Il y a une pensée qui agrège mais qui aussi s’adapte.  A chaque époque sa droite extrême avec son ressort propre. Pour autant il n’est qu’un seul ressort qui traverse toute la pensée de l’extrême-droite française, c’est le « c’était mieux avant » associé à un certain pessimisme en l’avenir.



Vous aviez proposé un mois plus tôt une intervention sur l’extrême-gauche. Quel était le discours ?

La démarche était la même, parcourir l’histoire depuis les « exagérés d’Hebert » jusqu’aux « insoumis de Mélenchon ». Ce qui m’intéresse ce sont les permanences dans les concepts et dans les modes opératoires. Cela peut passer par une méfiance vis-à-vis du parlementarisme, de la démocratie représentative jusque dans une pratique très récurrente d’un style incisif voire pamphlétaire dans les textes. Les propos qui traversent les réseaux sociaux ne sont pas très éloignés des interpellations que l’on trouvait dans des journaux révolutionnaires comme l’ami du peuple.

Pourquoi vous être penché sur ces deux sujets ?

Parce qu’en miroir j’essaie aussi d’aider ma famille de pensée à se trouver. A assumer ce qu’elle est et à mesurer ce qu’elle n’est pas. Raymond Poincaré ou le général de Gaulle se sont imposés comme des hommes en mouvement, ils agissaient en croyant à demain. On a transformé à postériori leurs actions en « doctrines ». Derrière tout cela, comme dans toutes les droites européennes, on trouve la démocratie chrétienne, c’est-à-dire celle qui croit que c’est par la dynamique de l’individu dans sa capacité de création et d’innovation que demain sera meilleur. Tout le reste ne devrait être que des « outils » pour atteindre ce projet. Le plus souvent ma famille politique a confondu les outils et le projet.

De nouveaux rendez-vous en perspective auxquels nos lecteurs pourraient participer ?

J’aimerais bien poser une « causerie » sur la question de la légitimité et de la légalité. C’est un débat qui a besoin d’être éclairé tant les usages des deux termes sont abusifs souvent. A suivre…