L’Édito. « Désolé »

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Après les vacances, et la parenthèse olympique enchantée, sorte de paradis artificiel qui ne dit pas son nom, voilà qu’il nous faut retrouver la difficile réalité quotidienne de la rentrée. Et l’état de notre époque…
Petite nouveauté pour cette rentrée, une centaine d’écoles et de collèges expérimentent le port obligatoire de l’uniforme.
Le but de cette mesure est pluriel : nivellement des inégalités, évitement des comparaisons (moqueries, jalousies), institution d’un « esprit de corps », d’une cohésion plus solidaire, plus collective, qui théoriquement devrait contribuer à une amélioration des résultats scolaires.
Cela dit, il semblerait que les initiateurs de cette réforme soient passés à côté de l’essentiel.
Se sont-ils interrogés si le problème de la décadence de notre système éducatif ne provenait pas simplement d’une indiscipline grandissante et d’un laxisme de mieux en mieux toléré ?
On observe que de nouveaux prétextes sont apparus pour expliquer le manque d’assiduité en classe. L’élève est sacralisé, surestimé. Il est devenu quasiment intouchable.
Bon nombre de parents ressassent à longueur de journée combien leur chérubin est différent, formidable, extraordinaire…
Il rencontre des difficultés scolaires ? C’est parce qu’il est trop intelligent et qu’il s’ennuie.
Se heurte à des problématiques relationnelles ? C’est parce qu’il est hypersensible et à haut potentiel.
Dans tous les cas, ce n’est jamais de sa faute mais celle de l’école, des enseignants ou des camarades. Bref, toujours celle des autres.
Alors est-ce rendre vraiment service à nos jeunes, est-ce les armer pour leur vie adulte que d’entretenir cette croyance consistant à diluer toute responsabilité individuelle, derrière l’écran de fumée d’un monde qui ne serait pas à la hauteur de leurs prétentions ?
A l’image de tous ceux que l’on voit aujourd’hui arriver sur le marché du travail, en total décalage avec les codes et les règles qu’il impose.
Héritage de cruelles carences disciplinaires accumulées, qu’un service militaire obligatoire se chargeait auparavant de combler, au moins pour les jeunes hommes.
Avec un peu plus de verticalité et d’exigence, cela éviterait à bien des recruteurs de se contraindre à recevoir de jeunes postulants se présentant avec plus qu’un quart d’heure de retard à un entretien d’embauche (sans prévenir), et qui s’affranchissent d’un simple « désolé » comme explication quant à leur manquement. Même constat pour une multitude de services (et/ou d’interlocuteurs) défaillants, dont énumérer la liste serait ici trop long et trop fastidieux.
En définitive, c’est bien leur « désolé », qui s’avère le plus désolant…