Arinthod. Le ministre Serge Papin défend les jouets du Jura face à la menace des colis sans règles

Le ministre des PME est venu visiter le leader français du jouet pour saluer un modèle de production locale et durable. La visite, à quelques semaines de l'échéance ARENH et en pleine offensive contre la fraude à la TVA, conforte le Jura comme bastion industriel.

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Danielle Brulebois députée, Serge Colliex préfet, Serge Papin ministre, Alexis Delorme – directeur général Smoby Toys.

Une visite pour saluer l’identité et l’excellence jurassienne

Le Jura a reçu un coup de projecteur national ce vendredi 28 novembre avec la visite de Serge Papin, ministre des Petites et moyennes entreprises, du commerce, de l’artisanat, du tourisme et du pouvoir d’achat. C’est sur le site emblématique de Smoby Toys à Arinthod, premier fabricant français de jouets, que le ministre a choisi de lancer un plaidoyer pour le “Made in France abordable” et la filière du jouet.

Accueilli par Alexis Delorme, directeur général de Smoby Toys, et ses équipes, Serge Papin a tenu à saluer la force d’un département à l’identité industrielle forte, malgré l’absence de grande métropole. Le ministre s’est dit « touché par l’identité du Jura » et a affirmé que « le Jura, c’est une terre où il fait bon vivre ».

La visite de l’usine de 40 000 m², qui emploie 140 salariés à temps plein, a été l’occasion de mettre en lumière l’ancrage local du groupe. Smoby Toys, avec ses trois usines dans le Jura (Lavans-lès-Saint-Claude, Arinthod et Moirans-en-Montagne), maintient environ 350 emplois permanents et jusqu’à 150 intérimaires en pic de production dans le département, un pilier économique vital pour le bassin local. L’entreprise, récemment récompensée pour la durabilité de ses jouets, incarne la thématique de la journée.

La production locale doit rester abordable

Lors du point presse, le ministre a insisté sur la nécessité de soutenir l’industrie pour qu’elle puisse s’adresser au plus grand nombre.

« Je pense que l’entreprise Smoby est une entreprise exemplaire, a déclaré le ministre. Ils sont leaders dans cette industrie, ils sont exemplaires aussi parce qu’ils ont une capacité d’investissement dans leur modèle, j’ai pu voir des choses très impressionnantes sur les outils de production, sur la modernité la productivité, ils sont dans un made in France accessible. »

Le ministre a évoqué la complexité pour le consommateur, qui est aussi citoyen, de concilier la recherche du prix le plus bas et le soutien à l’emploi et aux normes françaises. Il a pris l’exemple concret de Smoby pour prouver que l’accessibilité est possible : « J’ai ici un exemple très concret, c’est tout un symbole, dans la composition des produits il y a une majorité de matières premières recyclées c’est quelque chose d’important pour cette entreprise ».

L’enjeu est stratégique : « Si on veut entrer dans un cercle vertueux il faut que les entreprises françaises en particulier les PME aient accès à des coûts de production qui permettent l’accessibilité, c’est ce qui va pouvoir permettre de déclencher derrière des volumes pour optimiser les coûts de production ».

La concurrence déloyale, menace des PME jurassiennes

Le deuxième grand sujet de la table-ronde concernait un problème qui touche de plein fouet les entreprises locales : la concurrence déloyale des produits importés hors Union européenne.

Estelle Rocklin, directrice régionale des douanes, a rappelé l’ampleur du phénomène avec « un milliard et demi de colis qui arrivent en France hors Union européenne ». Ces importations menacent l’intégrité du marché du jouet (qui pèse 4,3 milliards d’euros en France et représente 25 000 emplois), car elles affichent des prix défiant toute concurrence, souvent en raison d’une fraude à la TVA et du non-respect des normes de sécurité et environnementales.

Serge Papin a qualifié ces pratiques de « dumping » et de « prédation », soulignant l’injustice pour les fabricants jurassiens qui, eux, s’astreignent à respecter la réglementation la plus stricte d’Europe. La visite de Smoby était aussi un signal fort envoyé par le gouvernement sur sa détermination à protéger ces acteurs locaux.

Le poids des normes et le débat sur l’énergie

La table-ronde a permis aux acteurs locaux d’exprimer leurs frustrations concrètes, notamment concernant l’accumulation des normes et le coût de l’énergie.

  • Le labyrinthe administratif : Catherine Varacca, directrice de l’entreprise centenaire Jeujura, a témoigné de la pression quotidienne : « Tous les matins une nouvelle norme arrive ! ». Jean-Pierre Parizon, président de la CCI, a déploré le « poids administratif des normes à tous les niveaux » et le fait que « la durée des réponses de l’administration pour tous ces problèmes est catastrophique ». Le ministre a reconnu que « le temps de l’état est un temps long » et a annoncé l’arrivée d’une nouvelle loi sur la simplification en janvier.
  • Le coût de l’électricité : La question du coût de l’énergie a été soulevée comme un frein majeur à la production locale, surtout pour un secteur gourmand en injection plastique. Les intervenants se sont inquiétés de la hausse des prix, un point crucial alors que le dispositif de l’ARENH (Accès régulé à l’électricité nucléaire historique) doit prendre fin le 31 décembre 2025. Le ministre a reconnu l’importance du débat au Parlement pour sortir de ce dispositif dans les meilleures conditions. Le représentant du Medef, Benoît Hebert, a rappelé l’écart de compétitivité des coûts du travail : « Le coût du travail en France est le plus important d’Europe », ce à quoi le ministre a répondu : « Le coût du travail est à 34 € de l’heure en France, au Portugal 17 € effectivement ».

En conclusion, Serge Papin a insisté sur le rôle de l’état dans l’accompagnement des entreprises régionales via des outils comme France 2030, France Relance et la BPI, et a fixé un objectif pour ces PME familiales : les faire passer dans la catégorie des ETI (Entreprises de taille intermédiaire), considérées comme le véritable moteur de l’économie nationale. « On a une grande chance, c’est la France parmi les pays d’Europe qui a le plus de PME familiales mais on a un grand défi c’est de faire passer des PME dans la catégorie ETI ».

Une grande salle de presses.
Représentants de l’état, d’administrations et d’entreprises pour la table ronde.
Les beaux jouets fabriqués par Smoby.
Le point presse.
Le ministre entouré de l’équipe de Smoby Toys.
Des robots de transports circulent dans les allées.
Découverte de la fabrication.