Le ministre de la Santé et de la Prévention, François Braun, est passé par Lons-le-Saunier. « Les équipes du CHJS ont apprécié que monsieur le ministre, ainsi que le directeur général de l’ARS, viennent à leur rencontre ce lundi 3 avril, date symbolique de la mise en œuvre de la loi dite « Rist ». » Pour le directeur, Guillaume Ducolomb, ce moment fut l’occasion d’un échange franc et bienveillant. « En effet, sans nier les difficultés quotidiennes, par leur présence, ils ont témoigné de leur soutien aux équipes et nous ont assuré de leur accompagnement pour les projets en cours mais également ceux à venir. »
La loi Rist plafonne les salaires des médecins intérimaires à 1 390 euros brut pour une garde de 24 h. « Je sais que cela met les hôpitaux, les services, potentiellement en danger, a introduit le ministre. Je ne me résous pas aux dérives mercenaires de l’intérim, c’est à terme la fin des médecins publics hospitaliers. »
Des difficultés à attirer
« On a besoin que la règle s’applique pour tous », a répondu le directeur. L’ensemble des médecins se félicite de cette loi, mais ils ont surtout fait remonter leurs difficultés à attirer. « Si on avait un hôpital tout neuf… ça peut aider ! », a mis les pieds dans le plat le chirurgien viscéral Mikhail Balkanski. Si le centre hospitalier de Lons a eu un très fort accompagnement dans le Segur de la Santé (30 millions) pour tenir ses bâtiments dans les normes, les équipes attendent un feu vert du gouvernement pour réfléchir à un nouvel hôpital.
« Pas de feu rouge, pas de feu vert, a répondu le ministre. J’attends une analyse de cette demande qui me paraît logique. » La députée, Danielle Brulebois, a appuyé: « Cet hôpital qui n’a pas eu de gros investissements, on en a vraiment besoin ! ». « La question qui se pose à notre communauté est de ne pas travailler pour rien, a précisé le directeur. C’est un projet qui fait consensus ». Le président du conseil de surveillance de l’hôpital de Lons, Jean-Yves Ravier, est intervenu aussi : « C’est important qu’on puisse savoir… Pour que les gens viennent habiter chez nous, il faut aussi que l’hôpital soit attractif ! ».
Les réactions
Jean-Louis Millet, maire de Saint-Claude
« Le ministre de la Santé venu présenter la loi Rist à Lons à l’invitation de Danielle Brulebois a pu permettre à celle-ci de réclamer un nouvel hôpital à Lons-le-Saunier se plaçant ainsi en précampagne des législatives dans l’hypothèse d’une dissolution. C’est de bonne guerre et bien joué. Je n’ai pas souhaité intervenir sur la suppression des services à l’hôpital de Saint-Claude et notamment de sa maternité, car ce n’était pas le thème de la visite, mais j’ai remis un dossier sur ce sujet à monsieur le ministre. Treize mamans ont dû accoucher au bord de la route dans le Haut-Jura depuis la fermeture de la maternité. Cela s’appelle le progrès. Il est singulier de voir les parlementaires, membres du parti destructeur de la santé en France, plaider pour un nouveau service public hospitalier à Lons, car bien sûr le reste du département n’existe pas et le Haut-Jura n’était même pas représenté ce jour-là par sa député pour le défendre. »
Justine Gruet, députée du Jura
« Cette visite a permis de mettre en lumière la situation compliquée de nos hôpitaux jurassiens et d’alerter le ministre sur l’impérieuse nécessité de trouver des solutions constructives. Malgré les difficultés rencontrées, je tiens à saluer le travail réalisé conjointement par l’ARS, les chefs d’établissement et les élus. Concernant le CHLP de Dole, je tiens à souligner l’engagement du CHU de Minjoz qui a fait preuve de solidarité au sein du GHT. Je reste bien entendu vigilante sur la situation de nos établissements et je reste plus que jamais engagée aux côtés de nos soignants. »
Gaël Faivre, président du CPTS du Grand Lons
« J’ai trouvé cette rencontre très positive avec une équipe dynamique, soudée derrière ce projet de nouvel hôpital. Je n’ai pas abordé les sujets qui préoccupent les libéraux car ce n’était pas le sujet. Le ministre reviendra peut-être échanger avec nous. »
Clément Pernot, président du conseil départemental
« Le Jura est frappé par de trop nombreuses fermetures, restructurations et diminutions de l’offre de soins de santé et ce, sur tous les sites hospitaliers de proximité. Les Jurassiens méritent une offre de soins de santé (hospitaliers et psychiatriques) nécessaire et suffisante, au plus proche, or ce n’est pas le cas. Nous sommes victimes de maltraitance hospitalière ! J’espère que ce passage express de monsieur le ministre lui aura permis d’en prendre conscience. Je me tiens à son entière disposition pour envisager une véritable séance de travail et lui faire valoir la situation réelle jurassienne. »
Francis Lahaut, élu au Conseil de surveillance de l’hôpital de Saint-Claude
« Les élus siégeant dans les conseils de surveillance des hôpitaux du groupement Jura-Sud étaient invités pour « une séquence d’échanges » avec des médecins et le ministre, ancien urgentiste. Mais les élus, ne représentant que la population, ont été invités au silence. Les potiches de service ont découvert qu’il n’existait dans le sud du Jura qu’un seul hôpital, celui de Lons, et que Champagnole pouvait faire une croix sur le SMUR, et Saint-Claude sur sa maternité. L’urgence, c’est d’attendre des jours meilleurs. »