Une semaine plus tard, ma voisine ne s’est pas encore remise. Elle porte tous les jours le maillot étoilé du PSG. Le PSG est champion d’Europe. Elle n’y croit pas ma voisine, il y a quelque chose d’irréel dans cette histoire. Le PSG qui s’est fait démonter par la presse européenne depuis presque quinze ans, le PSG victime de la remontada de Barcelone a inventé la démontada en infligeant le score le plus large en finale de l’histoire de la Coupe aux grandes oreilles. Personne ne lui arrive à la cheville. 5/0. Après la Ligue anglaise (City, Liverpool, Villa et Arsenal), l’inter de Milan s’est fait démonter façon puzzle, par cette équipe sans star, mais avec une âme, un jeu et une force que personne n’avait imaginés il y a cinq mois lorsqu’elle est passée tout près de l’élimination avant le stade des 8e de finale.
C’est pour ça que l’on aime le sport m’a dit ma voisine, pour les démontadas des idées reçues, pour le basculement du monde des losers à celui des Dieux vivants en une soirée, pour les revanches les plus inattendues. Mais pour cette réussite-là, il faut des hommes (et un peu d’argent aussi). La plus belle image de cette finale de Munich restera celle de Luis Enrique, le stratège, celui qui a tout changé. L’espagnol a perdu sa fille il y a dix ans, un cancer l’a emporté, elle avait 9 ans.
La pudeur avec laquelle l’homme fort du PSG en parle est plus belle que la victoire. 5/0, c’est fou. Un triomphe. Il y a eu de la joie, des bras en l’air, du bonheur, des larmes sur les visages, de la violence dans les rues et la mort aussi parce que ce sport engendre toujours des abrutis dont la seule fonction est de gâcher la fête. Pas assez néanmoins (et grandes oreilles en plus) pour atténuer le sourire qatari. On aurait pu en faire un titre de ce pléonasme booster de Soft Power, Sourire qatari, car le plan est plus que jamais en marche, sans bracelet électronique à la cheville. L’idée est bien remontée aux cerveaux.