Macron au secours des forêts du Jura

Le président de la République est venu planter des arbres dans la forêt de Moirans-en-Montagne, en compagnie de collégiens d’Orgelet, Moirans et Arinthod. Une opération qui n’a pas été du goût de tous…

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Macron a échangé avec de nombreux élus à Orgelet.

Le président de la République, Emmanuel Macron, a choisi le Jura, 4e département forestier de France, pour lancer son programme « 1 jeune, 1 arbre ». Vendredi 24 novembre, dans la forêt de Moirans-en-Montagne, il a planté différentes essences avec les collégiens d’Orgelet, Moirans et Arinthod.

L’objectif du gouvernement est de replanter un milliard d’arbres d’ici 2030. Les forêts du Jura comme toutes les forêts en France sont confrontées aux épisodes de sécheresse, au dépérissement de certaines essences, aux scolytes, mais aussi désormais aux feux de forêts…

« Pourquoi on plante alors que 80 % des arbres se renouvellent naturellement ? », ont expliqué les représentants de l’ONF aux journalistes nationaux. La sécheresse sévit depuis 2018 et surtout sur les sapins, hêtres… Les épicéas meurent des scolytes, qui arrivent désormais à faire deux cycles de vie au lieu d’un, passant d’une situation d’endémie à épidémie.

« Nous récoltons dix fois plus d’arbres morts qu’en 2017. Il faut les évacuer. Et plus on les sort rapidement, plus on a de chance d’interrompre le cycle des scolytes », insiste Pierre-Jean Morel, directeur territorial de l’ONF en Bourgogne-Franche-Comté.  La filière s’organise, même si bien sûr un bois abîmé rapporte 20 à 80 % de moins qu’un en bonne santé.

 

Vers une mosaïque d’arbres dans nos forêts

 

Planter des arbres est une solution, mais cela ne suffit pas. « Nous favorisons la diversité des essences que nous replantons et nous essayons de faire de la sélection génétique, poursuit Jean-François Boquet, directeur régional adjoint de l’ONF. Nous amenons des espèces méridionales, plus résistantes à la sécheresse. » L’ONF se projette sur vingt ans de rajeunissement des forêts menacées.

L’ONF a expliqué aux journalistes quels arbres étaient plantés et pourquoi.

Canopée dénonce les limites du plan

 

Un représentant de Canopée, Sylvain Angerand, s’est faufilé dans la forêt pour parvenir jusqu’aux journalistes. Il voulait préciser que pour son association, le plan d’Emmanuel Macron soulève quatre problèmes majeurs. D’abord, ces plantations conduisent à des coupes rases massives, ce qui va entraîner un déstockage de carbone.

Ensuite, ce plan de plantation détruit la biodiversité. Et enfin, aucune information n’est accessible sur les projets financés, leur localisation et la nature des travaux réalisés.

 

La forêt privée « délibérément exclue »

 

Jacques Louis, propriétaire forestier de parcelles familiales, gérées en direct, élu au Centre national de la propriété forestière et administrateur du Syndicat régional de propriétaires forestiers (Fransylva) regrette de son côté que les représentants et acteurs de la forêt privée, malgré leur demande, n’aient pas été associés à la visite présidentielle.

« En ayant ainsi circonscrit la présentation au président Macron des problèmes des forêts confrontées au dérèglement climatique au seul monde des forêts communales ou publiques, et en excluant celui des forêts privées, les organisateurs ont pris la responsabilité de lui avoir occulté une partie de la réalité de terrain. Ils en ont réduit la portée. Ils ont provoqué dans le monde de la forêt privée un sentiment de frustration et de mépris ; certains parlent d’affront… », réagit Jacques Louis.

Et de poursuivre : « Malgré la relativité de l’importance à accorder à ce genre d’opération de communication, n’aurait-elle pas dû être un moment d’unité du monde forestier, réuni pour entendre le soutien de l’Etat à toutes les forêts et ses encouragements à tous les forestiers ? Une belle occasion manquée… par choix des organisateurs ».

 

Kalenna a planté un chêne avec le président

 

Kalenna, élève de 6e à Arinthod, était « stressée », mais elle, est « contente ». « D’habitude, le président, on le voit à la télé. On a trouvé que ça passait vite, mais j’ai un peu froid quand même ». Kalenna a planté un chêne avec Emmanuel Macron. « Cela change des cours, c’est bien, cela nous fait sortir. » Quand cette déléguée suppléante a prévenu ses parents, « ils ne me croyaient pas, rigole-t-elle. Des gens voudraient être à notre place. »

Kalenna, élève de 6e à Arinthod, a planté un arbre avec Emmanuel Macron. Elle a témoigné de son expérience.

80 médaillés à Orgelet

 

Le président en a profité pour saluer, à Orgelet, 80 personnes qui ont reçu la Médaille de la sécurité intérieure au titre de leur engagement lors des feux qui avaient sévi à l’été 2022 : des pompiers essentiellement, mais aussi des gendarmes, des maires, des agents des services de l’Etat et le président de la chambre d’agriculture. Des centaines de Jurassiens s’étaient mobilisés.

Parmi eux, le colonel Cyril Fournier, arrivé dans le Jura le 1er août 2022, comme directeur adjoint du Sdis (Service départemental d’incendie et de secours). Le 9, il commandait le dispositif face aux premiers feux et a gardé son poste pendant les dix jours durant lesquels il a fallu lutter contre les feux.

Le pompier a reçu la médaille d’or, « une grande fierté ». Le président l’a même cité dans son discours. Le colonel a rappelé que les pompiers avaient déjà été récompensés avec la décoration du drapeau du corps départemental à la Sainte-Barbe, permettant à tous de porter la fourragère.

Le colonel Cyril Fournier a reçu la médaille d’or, « une grande fierté ». Le président l’a même cité dans son discours.