Dans les travées du stade de la Pépinière de Damparis, on entend souvent son rire avant de le voir. Pascal, « né dans le club », comme il aime à le répéter, est l’âme d’un rugby qu’il porte depuis l’enfance. « Mon père a tout fait : entraîneur, joueur, arbitre. Il a créé l’équipe dans mon école. » Chez lui, un musée improvisé s’étale dans le salon : vieux maillots, photos, archives. Une mémoire vivante, toujours en mouvement. Car Pascal n’est pas du genre à rester immobile. Soigneur, réparateur improvisé, homme à tout faire : « Être bénévole, c’est pas juste tenir un poste. Si t’as fini, tu vas aider les autres. C’est comme ça que je vois les choses ».
À ses côtés, Juliette a grandi dans le club. Bercée par les entraînements de son père, embarquée dans les tournois de son frère, elle s’est jetée dans le bénévolat à 15 ans. « Depuis dix ans, je suis à la caisse de la grande buvette. Pendant les matchs, je suis là-bas, mais après il y a tout le rangement, le nettoyage… Dès que je peux, je viens aider. »
« On vit pour le club »
Dans les gradins ou dans un car, on croise aussi Joëlle, douze années de dévouement et des centaines de kilomètres avalés au volant. « Chauffeur de car, c’est mon métier. Alors ils m’ont demandé d’être leur chauffeur pour l’école de rugby. J’adore les emmener. » Elle est aussi aide éducatrice chez les moins de six ans.
Elle rit en racontant les petits qui, chaque week-end, lui réclament son bus. Une relation tendre, presque familiale. « Les petits, ils m’ont adoptée. S’ils ne me voient pas, ils demandent où je suis. » Et ajoute : « Il y a toujours une paire de lacets à faire ou à refaire ! ».
Mais, la passion a un prix : week-ends sacrifiés, repas de famille manqués, agendas organisés autour du calendrier des matchs. « De septembre à juin, ma famille sait que c’est rugby », explique Joëlle. « On vit pour le club », résume-t-elle. Une phrase que Pascal valide d’un hochement de tête, « le bénévolat, c’est une richesse ».
Recruter, transmettre
Car la réalité est là : les bénévoles récurrents ne sont qu’une poignée. « Il nous en manque toujours », regrette Juliette. L’essoufflement guette, la relève peine à venir. « On a de plus en plus de mal à retrouver des bénévoles », constate Pascal.
Alors, il faut s’accrocher, former, transmettre. « On observe les adolescents aider leurs parents et on se dit que, peut-être, la relève finira par arriver », explique Joëlle. Au Grand Dole Rugby, comme dans chaque club ou association, les bénévoles ne sont pas qu’un rouage : ils sont la charpente. Sans eux, pas de matchs, pas de buvettes, pas de vie de club. Et sûrement pas cet esprit qui fait, chaque dimanche, revenir les habitués. Ceux qui saluent Joëlle d’une bise, demandent à Juliette si elle est « à sa caisse », ou remercient Pascal d’avoir réparé un tuyau.






















