Rubrique. Comme un lundi : La beauté du monde

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Comme un lundi : Les lumières 2024

Après Federer, Nadal a pris sa retraite sportive. C’est triste et beau en même temps, m’a dit ma voisine une raquette à la main. La Terre battue a perdu son maître, son plus beau champion, après 20 ans de bons et loyaux services, coups droits, revers et volées, de toute beauté. Nadal était un guerrier, là où Federer était un artiste, mais ils avaient tous les deux un peu des qualités de l’autre. C’est aussi pour cela qu’ils ont permis à leur plus célèbre adversaire d’aller encore plus haut. Leur amitié est née de leur adversité et c’est une leçon d’humanité : « Tu m’as fait aimer le tennis encore plus », a déclaré le Suisse après le dernier match de Nadal.

On se souvient des larmes de l’Espagnol au moment du départ de Federer. Ces mecs-là, deux types d’une si grande classe et d’une implacable sportivité, sont des monstres sacrés, des passeurs d’émotions éternelles. Leurs rencontres étaient des rendez-vous immanquables, on avait le sentiment qu’ils jouaient seulement pour nous. Même si son palmarès est encore plus grand que ceux de Nadal et Federer, je n’aurais pas le cœur serré de la même façon lors des adieux de Djokovic, a ajouté ma voisine. Pourquoi ? Sans doute, et ça n’a rien à voir avec le sport, qu’il va manquer au Serbe ce truc en plus qu’avaient dans les mains et dans le cœur ses deux rivaux. La vie sans eux n’est plus pareille. Bien sûr, à côté des misères et des guerres, de l’affaire Pélicot, du budget de la France et de l’honnêteté de ses dirigeants, ce n’est rien. Mais c’est beaucoup quand même. C’est plus que du sport, c’est la vie, le bon côté de la vie, celui de l’enchantement et de la fraternité.

J’ai demandé à ma voisine si elle voulait faire un double, elle m’a répondu que ce n’était pas simple. Service, à suivre.

par Eric Genetet