Jura. Le projet de déremboursement des cures thermales inquiète

La baisse envisagée du remboursement des cures thermales dans le cadre du projet de loi de finances 2026 a déclenché un front commun d’élus et de professionnels. Dans le Jura, où l’économie thermale irrigue des communes comme Lons ou Salins-les-Bains, l’inquiétude est bien réelle.

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Les thermes de Lons et de Salins pourraient être durablement impactées si le projet de loi allait à son terme. Photo © Jean Marc Baudet-thermes Lédonia

Le choc a été brutal. En découvrant que le gouvernement envisageait d’abaisser drastiquement le taux de prise en charge des cures thermales, ramenant potentiellement le remboursement de 65 % à 15 %, la filière s’est immédiatement mobilisée. « Si on baisse le taux de remboursement à 15 %, on mettrait fin définitivement à une filière thermale en France », alerte Bernard Riac, PDG du groupe Valvital, gestionnaire notamment des thermes de Lons-le-Saunier. Pour lui comme pour d’autres professionnels, une telle rupture d’équilibre remettrait en cause le modèle économique des stations.

Une filière structurante pour les petites communes

Dans le Jura, l’impact serait potentiellement significatif. À Salins-les-Bains, où les thermes sont gérés en régie municipale, le maire Michel Cêtre se montre particulièrement attentif. « Si ce texte de loi passe, oui, il peut y avoir un impact financier important pour nous », souligne-t-il. Avec 2 700 curistes prévus en 2025 et une trentaine d’emplois liés à l’activité thermale, la commune sait que l’enjeu dépasse les seuls soins : hébergement, restauration, locations saisonnières dépendent directement des curistes.

Et pour certains, le budget pourrait devenir un frein. « On est persuadé qu’il y a des gens qui ne pourront financièrement plus suivre », note le maire. La commune doit encore assumer les 400 000 euros annuels d’emprunts pour la rénovation de l’établissement, une contrainte supplémentaire dans l’équation.

Quant à Lons-le-Saunier, Valvital estime que l’activité thermale représente 50 emplois, difficilement compressibles. « Si on me supprime 30 ou 50 % de mon activité, le centre n’est plus viable. Donc, on ferme. » Le propos, abrupt, reflète surtout un contexte où les marges de manœuvre sont réduites.

Au Sénat, un débat qui dépasse les partis

Au Sénat, la sénatrice du Jura Sylvie Vermeillet s’est fermement opposée à la mesure. « Quand on ramène des remboursements de cures de 65 à 15, autant dire zéro. » Elle a aussi rappelé les données essentielles : « Les stations thermales, c’est déjà 100 000 emplois. Vous voulez économiser 200 millions, mais rien que les cotisations sociales générées représentent 250 millions ».

La parlementaire insiste aussi sur la dimension territoriale du dossier. « 70 % des stations thermales sont dans des villes de moins de 5 000 habitants » décrit-elle. Une réalité qui, selon elle, impose de la prudence et davantage de concertation. La ministre, Charlotte Parmentier-Lecocq, a indiqué que « le décret est prêt », laissant les élus locaux dans l’attente des prochains arbitrages.

Dans un département où Lons et Salins ont bâti une part de leur identité autour des eaux thermales, les décisions nationales seront scrutées de près. Élus et professionnels espèrent que la réforme, si elle devait se confirmer, prendra en compte les réalités des stations jurassiennes, essentielles à la vie locale et à l’équilibre économique de ces territoires.