Arbois. Un projet solaire controversé

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Zone B
Vignes au-dessus de "la combe Bercot" ©APPEL.

L’APPEL (Association pour la Préservation du Patrimoine Environnemental Local), créée en 2021 en Arbois, s’oppose à un projet de parc agrivoltaïque au lieudit « La Combe Bercot » soumis à enquête publique jusqu’au 23 mai. Elle dénonce une initiative jugée floue, inutile et préjudiciable pour le territoire (projet présenté en 2024 par Corsicasol. Article Hebdo39 du 22 juin 2024.


Un projet mal défini selon l’APPEL

Le cœur de la critique repose d’abord sur l’ambiguïté de la nature du projet. Est-il strictement photovoltaïque ou s’agit-il d’un dispositif agrivoltaïque, mêlant élevage et production solaire ? L’avis d’enquête publique ne tranche pas clairement. Une incertitude qui, selon l’association, nuit à la transparence de la consultation et avait déjà valu un avis défavorable du préfet du Jura sur une précédente étude agricole.

Une production déjà excédentaire

Mais c’est surtout l’absence de nécessité énergétique que souligne l’APPEL. En 2024, la France aurait produit 50 TWh d’électricité excédentaire, notamment grâce à un redressement du nucléaire, à une production hydraulique exceptionnelle et au développement des énergies renouvelables. À l’échelle du Cœur du Jura, les chiffres plaident également contre le projet : 72 000 MWh produits pour seulement 40 000 consommés, sans bénéfice local, puisque l’énergie est injectée dans le réseau national.

Dans un territoire où la population décline légèrement, entraînant une baisse corrélative de la consommation, l’association estime que l’implantation de nouvelles capacités industrielles ne se justifie pas, ni pour aujourd’hui, ni pour les besoins prévisibles de demain.

Des terres agricoles et un paysage menacés

Pour l’APPEL, « un projet photovoltaïque au sol ou agrivoltaïque sur des terres cultivées, tel que celui proposé avec ajout d’une piste de circulation et de locaux techniques, va à l’encontre du but visé par la loi climat et résilience du 22 août 2021 ayant pour objectif d’atteindre le « zéro artificialisation nette des sols » (ZAN) en 2050. Ainsi, s’il voit le jour, ce projet contribuera à l’emprise foncière du solaire photovoltaïque estimé par l’ADEME, dans son rapport de 2021, à 135 000 hectares à l’horizon 2050. De plus le détournement de terrains agricoles cultivés, ici concernés par les AOP Comté/Morbier et Vins du Jura, au profit d’un élevage d’ovins servant de prétexte à l’autorisation d’une activité spéculative sur le foncier rural contribue à accentuer le phénomène de disparition de terres agricoles, de surcroît d’AOP déjà foncièrement sous tension. Les terres agricoles doivent rester, autant que faire se peut, exclusivement dédiées à la production alimentaire car chaque hectare détourné pour un autre usage affaiblit notre capacité à nourrir nos populations localement. »

Dans un paysage déjà marqué par d’autres installations – parc solaire de Picarreau, éoliennes de Chamole, projets en cours – l’association s’inquiète de l’impact visuel et patrimonial. À Arbois, où l’authenticité attire visiteurs et habitants, l’industrialisation des espaces naturels menace l’identité même du territoire.

En conclusion, l’APPEL relaie l’alerte du Conseil National de la Protection de la Nature, qui fustigeait récemment des projets énergétiques déconnectés des enjeux réels de transition. Pour l’association, dire non à ce projet, c’est refuser un modèle qui fragilise les terres, les paysages, et la cohérence écologique du territoire.