Le « Made in France », info ou intox ?

L’appétence pour les produits tricolores s’est renforcée depuis deux ans, mais gare aux jeux de dupe à la veille de Noël. Décryptage.

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Bleu-blanc-rouge. Jamais les étiquettes portant le drapeau tricolore n’ont autant fleuri dans les linéaires ou sur les produits de tous types. Un patriotisme opportuniste qui surfe depuis le Covid sur l’appétence des français pour les circuits plus courts, et sur un désir de qualité et de sécurité. Un désir que se heurte à de dures réalités législatives : en effet, en Europe, aucun pays ne peut édicter de label national officiel, au nom du sacro-saint principe de concurrence, les produits européens ne devant pas être pénalisés au détriment de produits français. De plus, la mention de l’origine géographique d’un produit est optionnelle pour tous produits non alimentaires, mais elle est heureusement souvent présente, permettant ainsi de distinguer le vrai du faux. Le code des douanes fait foi, mais lui-même recèle un certain flou artistique. En effet, pour qu’un produit puisse être estampillé « made in France » par un fabricant, il édicte simplement et sobrement qu’ « Une partie significative de la fabrication du produit doit être réalisée en France » et qu’il doit « avoir subi sa dernière transformation substantielle en France ». Pas très précis, car un produit (par exemple un vélo ou une veste) dont la matière première ou les pièces pré-assemblées proviennent de l’étranger, pourra bel et bien se targuer d’être « Made in France » si son assemblage final est réalisé en France. Quant aux « Conçu en France », « designé en France », « assemblé en France », « élaboré en France », « conditionné en France », « création française », « produit original » (souvent assortis d’une cocarde ou d’un drapeau bien visibles), ils ne veulent donc rien dire : seule l’étiquette « fabriqué en France », « Produit en France » ou « Made in France » font foi assure le ministère de l’Economie.

14% seulement de jouets français

Conséquence logique de ce maquis législativo-commercial, des consommateurs un peu perdus ou soupçonneux quant à la véracité des allégations souvent mises en avant sur les packagings. Des labels privés se sont engouffrés dans la brèche, revendiquant chacun de laver plus tricolore que tricolore (lire encadré). A l’approche de Noël, les consommateurs devront donc faire preuve de discernement pour ne pas se laisser tromper. Car par exemple 14 % seulement des jouets achetés en France ont été fabriqués ou créés dans l’Hexagone ! L’Association des créateurs et fabricants de jouets français (ACFJF) a réagi en créant deux logos distincts : le premier (bleu), pour les « vrais » fabricants de jouets made in France, et le second (rouge), pour les autres concevant et distribuant leurs produits en France mais sans les fabriquer dans notre pays. Plus local encore, le label « Made in Jura » garantit que 50% du produit doit être fabriqué dans le département homonyme. 50%, un pourcentage qui peut encore sembler faible, mais qui marche et suscite des émules. Alors, avant Noël, à vos étiquettes…

Les autres labels de référence

Lancé en 2011, « Origine France garantie » certifie (après enquête de bureaux d’étude), que 50% des coûts de fabrication sont réalisés en France, ce qui peut inclure les coûts de main d’œuvre, les matières premières, mais aussi les coûts imputables à l’immobilier. « France Terre Textile » fait aussi référence pour l’habillement, car il garantit que : « 3/4 des opérations de production (de la fabrication du tissu à la confection) de l’article labellisé sont réalisées en France selon des critères de fabrication en circuit court, de qualité et RSE ».