« L’avenir est entre nos mains » : pour Yves Krattinger, président (P.S) du conseil départemental de Haute-Saône (70). « Rien ne sert d’attendre que Paris daigne se préoccuper de ses territoires ruraux ».
Invité par Clément Pernot, président (L.R.) du conseil départemental du Jura le 26 novembre a débattre de « La ruralité, stop ou encore ? », le haut-saônois n’a pas mâché ses mots mettant en parallèle ruralité et banlieues, qui a elles deux représentent « 55% des français qui souffrent ».
Selon Emmanuel Faivre, son directeur général des services « la taux de pauvreté avoisine 19% en ruralité contre 11% dans les espaces urbains ». Avec pour corollaire « 30 à 35% des citoyens qui n’écoutaient plus rien lors des élections de 2015, qui avaient largué les amarres ».
Alors que faire ? Selon Yves Krattinger, certainement pas des propositions « fantaisistes » comme ressusciter les bistrots de villages. Le président de la Haute-Saône a donc fondé un laboratoire de recherche pour la ruralité qui a diagnostiqué quatre maladies et préconisé onze remèdes pour ne pas voir la ruralité dépérir. Des remèdes parfois innovants…
Une loi des villes et une loi des champs ?
Une proposition révolutionnaire eu égard au sacro-saint principe de l’égalité. Selon Yves Krattinger, il s’agirait de définir un critère « adaptation au monde rural dans la création de toute nouvelle norme ». En d’autres termes « La République fixe le cadre, les territoires adaptent l’application », idée cautionnée par Clément Pernot.
« Des collèges ouvert à tous, 365 jours par an »
Comme dans les pays du nord de l’Europe, le président de la Haute-Saône verrait bien « les établissements d’enseignement devenir des centres de vie démocratique » ou citoyenne. Grâce au financement des départements, les collèges possèdent « des salles de musique ou des centre de documentation et d’information de grande qualité ». Dès lors, pourquoi « ne pas mutualiser ces équipements existants » ?
Des médecins généralistes dans les campagnes
Pour Emmanuel Faivre, les déserts médicaux pourraient régresser. Ceci grâce à un boni de 10 € par consultation pour les médecins exerçant dans les zones prioritaires, et un non-conventionnement dans les zones déjà bien pourvues.
Pour aller plus loin :
« La ruralité, stop ou encore ? », essai de Yves Krattinger et Emmanuel Faivre, aux éditions. Atlante.
Facebook : « Le Labo Rural, méthode et audace ».
Dossier réalisé par Stéphane Hovaere.

Clément Pernot joue l’union sacrée
« Le jour où la ruralité s’éveillera… ».
Paraphrasant Alain Peyrefitte, les ruraux savent-ils la force qu’ils pourraient représenter ? Selon Emmanuel Faivre, 55 à 62% de la population française peut être considérée comme « rurale ». Clément Pernot est allé plus loin, estimant que le pays se scinde désormais en 3 castes : « les banlieues, la ruralité, et une bourgeoisie urbaine qui rayonne ».
Il a dénoncé de nouveau les « agressions de l’état envers les territoires ruraux » et les inégalités criantes nées de facto : « les territoires urbains qui n’ont pas payé pour avoir la fibre optique » versus les territoires ruraux obligés de la financer, ou encore les agences régionales de santé qui sabrent les moyens dévolus aux campagnes. Si seule l’union peut sauver la ruralité, il a plaidé pour « un combat à mener au national, car c’est de là que viennent les agressions ».
« De nombreuses forces sont prêtes à se lever sous cet étendard » a-t-il conclu.