15.000 demandeurs d’emploi en ont retrouvé un en 2018.
Comme en 2017, le marché de l’emploi a fait preuve d’un dynamisme et d’une santé de fer puisque le Jura compte 6,5% « seulement » de chômeurs (et le bassin de Lons seulement 6% par exemple). De bons chiffres, les meilleurs de la Franche-Comté, imputables au redressement économique, et qui montrent un important « turn-over » à Pôle emploi puisque que le Jura compte 17.961 inscrits (-0,8% en un an).
De manière générale, 44% de ceux-ci accèdent à l’emploi dans les six mois suivant leur inscription : il y a donc du travail et de l’avenir lorsqu’on est chômeur. Même si les emplois salariés diminuent dans le Jura et que l’économie reste fragile…
Recherche candidats désespérément
A cause du faible taux de chômage, les métiers traditionnellement « en tension » s’avèrent encore plus mal lotis. Parmi eux, des secteurs bien connus : l’industrie (électromécaniciens, décolleteurs, métrologues, mais à l’inverse les opérateurs de production peu qualifiés ne manquent pas), le bâtiment en général (maçons, carreleurs, couvreurs-zingueurs, charpentiers, etc.), l’hôtellerie-restauration (cuisiniers, serveurs).
D’autres secteurs, moins connus, peinent aussi à trouver des bras : le commerce en grande et moyenne surface (employés libre-service), le transport (chauffeurs-routiers, en particulier longues distances), ou l’agriculture (pour remplacer par exemple un chef d’exploitation durant ses vacances).
Les compétences priment (enfin) sur le C.V.
« Vous n’aurez plus le même emploi toute votre vie ».
Face à ce constat, Pôle emploi a mis en place de nombreuses passerelles pour permettre à chacun d’évoluer, quel que soit son âge. Pour ce faire, Jean-François Locatelli, directeur territorial Jura/Haute Saône, insiste sur les compétences propres à chacun, souvent méconnues ou déconsidérées : lire un plan, savoir travailler en équipe, avoir l’esprit de synthèse, etc.
Ces « soft skills, très appréciées des entreprises » ouvrent largement le champ des possibles.
« Des peintres ou des employés du bâtiment ont ainsi pu se reconvertir dans la maroquinerie de luxe » cite en exemple Jean-François Locatelli. A condition toutefois que les entreprises jouent le jeu et affinent leurs recherches de candidats par le même canal des compétences…
Et à condition surtout, que la formation prenne le relais, ce qui est devenu une priorité pour Pôle emploi et l’Etat, qui y consacrera 15 milliards € sur 5 ans.
« 2428 demandeurs d’emploi ont bénéficié d’une formation en 2018, et 59,9 % d’entre eux ont retrouvé un emploi » souligne Pôle emploi.
Des recrutements basés sur les compétences
Exit le CV et bienvenue aux compétences : la méthode de recrutement par simulation (MRS) constitue la conséquence logique de cette évolution. Encore marginale, elle a néanmoins permis à des industriels de la mécanique (Baud industries à Champagnole par exemple) de recruter malgré la pénurie de candidats dans ces métiers.
Une « méthode coûteuse » selon le patron de Pôle emploi Jura, qui ne peut donc se justifier que pour un minimum de 8-10 postes à pourvoir dans la même entreprise.
« Vers un métier » pour susciter des vocations…
Pour inciter les demandeurs d’emploi à s’intéresser à des secteurs jugés, souvent à tort, comme peu attractifs, Pole Emploi propose chaque semaine une présentation thématique : postes de saisonniers à Lons, métiers de la métallurgie à Saint-Claude, métiers de la santé et du social à Dole par exemple.
Une opération séduction destinée à rompre avec certaines formes d’autocensure du type : « Les métiers du bâtiment, c’est pas pour moi, etc. »
37% des participants ont retrouvé un emploi à l’issue de cette opération.

Un changement d’échelle des sanctions
« Auparavant, une absence à un rendez-vous était sanctionné par deux mois de radiation, tandis que le refus d’offre l’était pour 15 jours ».
Désormais c’est l’inverse a spécifié Jean-François Locatelli : une redéfinition de l’échelle des sanctions permettant à un demandeur de refuser deux offres qui ne lui correspondent pas avant d’être radié. Un concept auparavant « mathématique », et désormais négocié entre le demandeur d’emploi et son conseiller.
Une révolution pour Pôle emploi
« On ne peut pas rester immobiles alors qu’on demande aux chômeurs de bouger ».
Depuis 2015, et le contrat tripartite (Etat, Unedic, Pole emploi) l’opérateur public a entamé une profonde (r)évolution souligne Pôle emploi Jura.
« Nos agents effectuaient des tâches administratives à la chaine, désormais le temps de rencontre est devenu un temps de conseil », puisque ces formalités administratives ont été transférées (par voie numérique) à la charge des demandeurs d’emploi.
Des services toujours plus personnalisés
S’adapter à chacun : c’est le pari initié par Pôle emploi, pour permettre des interactions constructives, en particulier envers les personnes les plus éloignées de l’emploi qui bénéficient d’un accompagnement renforcé.
A contrario, pour les demandeurs d’emploi les plus autonomes, Pôle Emploi se « limite » à leur fournir des propositions d’emploi. Ceci afin d’optimiser les ressources humaines et donner davantage d’autonomie aux conseillers, désormais spécialisés selon leur activité : accompagnement des demandeurs, des entreprises ou gestion des droits.
La vie privée compte autant que le travail
Selon le patron de Pôle emploi Jura, on se dit davantage qu’avant : « J’ai un job, mais j’ai aussi une vie privée ».
Critiquable ou pas, cette tendance s’amplifie à tel point que les entreprises qui s’interrogent, mettent en place de nouvelles pratiques (télétravail par exemple). Pour attirer les profils séduisants, certaines entreprises innovent aussi en prenant à leur charge les frais de transport domicile-travail, ou en octroyant par exemple 20 € par mois à des salariés qui acceptent de covoiturer leurs collègues.